Béla BARTOK
3e et 5e mouvements du
Concerto pour orchestre, Sz 116
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
14.11.1956, Victoria Hall, Genève
En 1940, Béla Bartok - fuyant le nazisme - émigre aux États-Unis. Vers la fin 1942, une leucémie est diagnostiquée, l'obligeant de renoncer à donner des concerts, ce qui agrave ses problèmes financiers. La Société des auteurs américains, à l'initiative du chef d’orchestre Serge Koussevitzky, voulant l'aider sans lui donner l'impression de recevoir une aumône, lui commande une nouvelle oeuvre, qui va être son Concerto pour orchestre, sa dernière partition achevée.
Il y travaille d’août à octobre 1943. La première audition, triomphale, est donnée le 1er décembre 1944 par l’orchestre symphonique de Boston dirigé par Serge Koussevitzky.
Malgré le succès immédiat que reçoit son oeuvre, Bartok la révise toutefois, plus particulièrement le final très court, qui déséquilibre la forme générale de l'oeuvre. Il compose alors un final d'une durée semblable au premier mouvement. Ernest Ansermet a dit du Final qu’"[...] il court à la coda, une coda vertigineuse: comme un grand coup de vent, des vagues de cordes aux couleurs phosphorescentes semblent emporter des bribes de la fugue jusqu’à ce que le thème de celle-ci éclate dans toute sa grandeur aux cuivres [...]" cité de l'ouvrage d'Ernest Ansermet, Les Fondements de la musique dans la conscience humaine, et autres écrits, Robert Laffont, 1989.
L'oeuvre est dédicacée à Natalia, la fille de Serge Koussevitzky.
Dans son Concerto pour orchestre Bartok fait un retour à la forme ancienne, en apportant d'importantes innovations personnelles. L'oeuvre n'a pas de soliste en particulier: Bartok confie ce rôle tour à tour à chaque groupe d'instruments ou pupitres de l'orchestre, renouant ainsi avec la tradition du concerto grosso, et donnant d'ailleurs à chacun des mouvements un titre italien. Il s'attache à mettre en valeur les timbres instrumentaux et à séparer les différentes familles d'instruments au sein d'une orchestration riche, dense, qui multiplie les dialogues.