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Carl Maria von WEBER
Ouverture de l'opéra «Le Freischuetz», Op. 77, J 277
Orchestre National de la RDF, Désiré-Émile INGHELBRECHT
Théâtre des Champs-Élysees, 5 mai 1958
Après le Fidelio de Ludwig van Beethoven (1805), le Freischütz (Le Franc-Tireur, The Marksman) de Carl-Maria von Weber (1821) est l'un des premiers opéras romantiques. Son livret fut écrit par le poète Johann Friedrich Kind d'après un conte populaire germanique (dans la version publiée en 1811 dans Das Gespensterbuch), et une première ébauche de Weber et d'A. de Dusch. Donné en première audition le 18 juin 1821 au Königliches Schauspielhaus de Berlin, en raison de tensions politiques à Dresde où Weber est à cette époque en poste, l'oeuvre rencontre un succès immédiat.
Une courte description de son ouverture, citée du Guide de la musique symphonique de Tranchefort:
"[...]Ni vraiment sélection, ni «pot-pourri» de pages de l'opéra, cette ouverture est bâtie comme un mouvement symphonique qui détermine l'unité thématique de l'oeuvre. C'est, à l'époque, une assez considérable innovation, - qui annonce les oeuvres «à programme» de Berlioz et de Liszt, ou les premières ouvertures de Wagner. De même, les teintes orchestrales y jouent-elles un rôle important, Weber ayant parlé lui-même d'une «unité de ton fondamentale» de son opéra, hanté par le surnaturel et tout baigné de fantastique. [...] L'orchestre comporte les bois par deux, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, les timbales, et les cordes.
La courte et lente introduction amène un motif de cors symbolisant la vie des chasseurs ainsi que la Forêt - omniprésente dans le drame, véritable personnage de l'action.
L'Allegro fait entendre, dans les mêmes couleurs sombres, un motif effrayant (trémolo des cordes notamment, clarinettes au registre grave, ponctuation des timbales) qui cerne l'univers sinistre de Samiel, le «chasseur noir».
Lui fait écho un autre thème, celui du désespoir de Max au premier acte («Lebt kein Gott?»), exprimé à la clarinette et aux bassons, avant que n'éclate en fortissimo celui, terrifiant, de la Gorge-aux-Loups.
Un clair accord de mi bémol majeur crée une rupture: c'est un nouveau motif à la clarinette qui amène le chant d'amour d’Agathe, d'une intense jubilation.
Les motifs maléfiques résonnent encore, mais un lumineux do majeur consacre, avec le chant d’Agathe, la victoire du jour sur la nuit, du Bien et de l'Amour sur les puissances infernales. [...]"