Wolfgang Amadeus MOZART
Symphonie No 41 en ut majeur, KV 551
Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne
Georg SOLTI, 25 juin 1956, Kölner Funkhaus, Saal 1
Quelques courtes descriptions citées du Guide de la musique symphonique réalisé sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard 1986, ISBN 978-2-213-64075-4:
Au début du premier mouvement, Allegro vivace, "[...] les appels à l'unisson [...], empreints de l'héroïsme le plus triomphant [...] sont suivis d'une réponse plus douce, puis d'une ritournelle puissante, animée par les cordes. La flûte et le hautbois apportent au thème, lors de la réexposition, une coloration plus lumineuse et moins crue; quant à la réponse qui le suit, elle s'amplifie et prend une importance accrue, jusqu'au retour de la ritournelle qui, s'interrompant sur l'accord de dominante, laisse la place au second sujet et à sa mélodie débordante d'allégresse.
Et, lorsque l'orchestre s'arrête tout d'un coup avant que n'éclate fortissimo une modulation mineure, on sait que ce bref éclair ne sera que passager.
Le troisième sujet, avec ses allures désinvoltes d'air d'opéra bouffe, vient de l'ariette «Un bacio di mano» composée trois mois auparavant pour la basse Francesco Albertarelli. Et c'est ce thème d'une gaîté inattendue qui, après une ritournelle, va servir au développement, d'une vitalité débordante.
Une courte transition des vents, et la mélodie s'élance en mi bémol; sur ses mesures finales, répétées par hautbois et bassons, s'élabore un contrepoint de plus en plus serré débouchant sur le retour du thème initial du mouvement qui, de fa majeur, module par degrés ascendants au-dessus des chromatismes des vents; jusqu'à une cadence de la mineur, qui marque le paroxysme du conflit.
Les dernières mesures reprendront la cadence du troisième sujet, avant la rentrée dont la modification principale consiste en une transposition mineure de la seconde exposition du premier sujet. Et le troisième thème, encore plus débridé, et augmenté d'une fanfare, rendra l'affirmation finale de la victoire encore plus forte.[...]"
Dans le second mouvement, Andante cantabile, "[...] ce sont les premiers violons qui exposent le thème, en deux parties, [...] qui s'éploie avec une mélancolie rêveuse, renforcée par l'emploi des sourdines et les sonorités chaleureusement intimes des vents [...]. Lors de sa deuxième apparition, la mélodie passe aux basses sur les batteries des cors et des bassons, tandis que se déroule aux violons un dessin léger en courbes sinueuses.
Trois notes à découvert des vents amèneront le deuxième sujet; sa sombre tonalité de ré mineur, ses syncopes qui brisent le chant laissent planer une angoisse s'effilochant peu à peu pour faire place au calme du troisième thème, aérien et impalpable, avec son dessin si ténu de sextolets dans lequel bois et vents apportent une note fruitée.
Encore plus douloureux, le second sujet réapparaît pour le développement dont les accents plaintifs semblent se répéter indéfiniment; ce qui change complètement l'éclairage du premier thème dans la rentrée, plus grave mais, en même temps, marquée du sceau de l'inéluctable,- telle une marche que rien ne peut arrêter.
Le retour du troisième sujet et de son calme majestueux le confirme: c'est bien la paix qui règne ici, dans ce dialogue lumineux entre cordes et vents qui prélude à une coda,- «l'une des plus belles que Mozart ait jamais pu imaginer», selon G. de Saint-Foix.[...]"
Dans le troisième mouvement, Menuetto: Allegretto, apparaît "[...] un seul thème plein d'assurance et d'élégance pour ce mouvement qui adopte la forme du morceau de sonate [...]. Le développement, à l'orchestration plus fournie, exhale une certaine solennité à laquelle les bois confèrent cependant une note d'ironie, qui persiste dans la rentrée enrichie de modulations et d'un contrepoint plus complexe. Bois et vents donnent au trio une allure plus agreste; mais déjà s'annonce le finale dont, après les barres de mesure du trio, nous entendons les quatre notes initiales.[...]"
Le Finale, Molto allegro... "[...] impressionnant mouvement de sonate traité en fugato, le finale de la «Jupiter» justifierait à lui seul le surnom donné à cette symphonie. De prime abord, sa complexité déroute. En fait, tout y est clair, exposé avec une logique rigoureuse, semblable à celle qui fait toute la force du finale du Premier quatuor dédié à Haydn. Le thème bondit aux violons [...]. Puis, clamé par tout l'orchestre, il est suivi d'une conclusion brillante en guise de refrain.
Après l'arrêt à la tonique, la fugue prend son essor avec l'apparition d'un deuxième thème, très léger, qui vient se mêler au premier. Troisième sujet en sol, le plus chantant des trois, dans lequel les bois répondent aux cordes avec une désinvolture primesautière. Il va lui aussi prendre part à la fugue avec un élan juvénile, jusqu'à la conclusion de cette première partie qui, loin d'être une cadence éclatante, laisse hautbois et bassons murmurer le dessin du refrain du premier thème.
Tout aussi animé, le développement voit renaître l'atmosphère sombre des conflits, et les modulations en sol mineur et la mineur du refrain renforcent l'inquiétude. Mais ce même refrain devient ascendant, module vers si majeur; et, de nouveau, la joie est là, avec la rentrée et le premier sujet qui, dès sa deuxième exposition,donne lieu à un superbe passage fugué. Si le second thème passe plus inaperçu, le troisième garde intact son charme évocateur; il se fond dans une coda magistrale, dans laquelle un contrepoint d'une rare perfection va porter à son sommet la force impérieuse qui anime chaque thème et fait vibrer tout ce mouvement. [...]"