Béla BARTOK
Concerto pour piano et orchestre No 3, Sz 119, BB 127
Geza ANDA
Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise
Ernest BOUR
26 avril 1957, Salle «Herkules» de la Résidence de Munich
Composé en 1945, c'est le dernier ouvrage de Bela Bartok, resté inachevé: les quatorze dernières mesures ont été instrumentées par Tibor Serly, le meilleur «disciple» du musicien, qui l'avait assisté pendant la composition de l'oeuvre.
Le concerto est dédié à Ditta Pasztori, l'épouse du compositeur, comme cadeau d'anniversaire. La première audition (posthume) eut lieu le 8 février 1946, à Philadelphie sous la direction d'Eugene Ormandy, avec Gyôrgy Sandor au piano (Ditta Pasztori, très affectée par le décès de son mari, renonça à jouer lors de cette première audition).
Une courte description des trois mouvements, citée du Guide de la musique symphonique réalisé sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard 1986, ISBN 978-2-213-64075-4:
"[...] 1. ALLEGRETTO: c'est un allegro de sonate à deux thèmes, dans lequel le soliste expose le premier, d'esprit magyar, longuement chantant. On y retrouve des formules typiquement bartokiennes (accords de tierce mineure et quarte, par exemple); toutefois, la netteté et la transparence mélodique l'emportent, [...] au profit d'un tout nouveau climat de luminosité intérieure. Le second thème est un motif scherzando, relié au précédent par un passage des bois. Le développement - à partir du premier thème essentiellement - est court, tandis que reprise et coda concluent très classiquement.
2. ADAGIO RELIGIOSO: [...] une sorte de testament de paix, d'une sérénité intemporelle. La structure est ABA: une introduction en imitation des cordes (motif pentatonique) précède l'énoncé d'un choral d'une merveilleuse simplicité, au piano (A). Les différentes périodes en sont reliées par les cordes. Un épisode central (B), plus animé, mais d'une atmosphère nocturne, quasi mystique,- avec les trilles des cordes, de brèves fusées de cuivres -, sera suivi du retour du choral (A) aux bois seulement, le piano proposant un accompagnement limpide; les épisodes de liaison y sont alors constitués par des gruppettos et des trilles.
3. ALLEGRO VIVACE: une brève intervention de percussion (par ailleurs si discrète) fait transition. Le mouvement final est dans la forme d'un rondo alternant des rythmes de danses syncopés «à la hongroise» et un couplet mélodique,- entrecoupés de fugatos. On a souvent prétendu que cette conclusion n'égalait pas, au moins mélodiquement, les deux mouvements précédents: si la vitalité rythmique demeure, la «furia» des allegros des oeuvres antérieures y semble éteinte également. L'impression d'ensemble est bien plus celle d'un finale très classique, indifférent aux novations de la musique moderne, à celles mêmes du compositeur. Une strette virtuose termine l'oeuvre. Linéarité de la forme, simplicité - assez relative - de l'écriture pianistique, poésie mozartienne inclinant au désincarné, l'oeuvre encourut maints reproches dès sa création. Elle était déjà d' «outre-tombe», et étrangère au siècle. Elle l'est restée, mais aujourd'hui jugée avec beaucoup plus d'équité, et placée au tout premier rang du répertoire concertant contemporain. [...]" citations extraites du Guide de la musique symphonique réalisé sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard 1986, ISBN 978-2-213-64075-4