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Walter GOEHR
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Kopf Bild Goehr 155 250
Claude DEBUSSY
Première rhapsodie pour clarinette et orchestre, L 116
Jos D'HONDT
Netherlands Philharmonic Orchestra, Walter GOEHR
MMS-81
Lorsque Claude Debussy compose cette rhapsodie, il a écrit la plus grande partie de ses oeuvres, mais n'a toutefois encore jamais composé pour la clarinette: l'occasion lui en fut présentée par Gabriel Fauré, alors directeur du Conservatoire de Paris, qui le recommanda comme membre du Conseil supérieur en 1909 et du jury des examens de 1910. Le conservatoire lui commanda la pièce de déchiffrage, qu'il appellera «Petite Pièce», et le solo de concours «Première Rhapsodie» (il n'y en aura jamais de deuxième pour la clarinette).

Cette Rhapsodie fut composée de décembre 1909 à janvier 1910 pour clarinette et piano, et publiée dans les premiers mois de 1910. Elle est dédicacée «à P.Mimart, en témoignage de sympathie»: Prosper Mimart (1859-1928), professeur de clarinette au Conservatoire de 1905 à 1918.

Sur le concours de 1910 Debussy se confie à son éditeur Jacques Durand:

"[...] Dimanche, plaignez-moi, j'entendrai onze fois la Rhapsodie pour clarinette en si bémol: je vous raconterai cela si je suis encore en vie [...]"

Le 15 juillet, au même il confesse:

"[...] Le concours de clarinette a été excessivement brillant, et, si j'en juge la tête que faisaient mes confrères, la Rhapsodie était réussie! [...]"

(les deux citations ci-dessus sont extraites du livret d'un CD Aparté de Pierre Génisson et David Bismuth, page 8 de l'édition 2013.

La première audition a lieu le 16 janvier 1911, lors d'un concert de la Société Musicale Indépendante à la Salle Gaveau, avec Prosper Mimart, clarinette et Marie-Georges Krieger au piano.

Peu après Claude Debussy écrit la version avec orchestre, qu'il appelle «Rhapsodie pour orchestre avec clarinette principale». L'orchestration est très riche, pour 3 flûtes, 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, 3 bassons, 4 cors, 2 trompettes, triangle, cymbales, 2 harpes, violon solo, 1er et 2e violons, alto solo, altos, violoncelles et contrebasses.

"[...] La Rhapsodie pour clarinette de Debussy est séduisante, capricieuse, poétique. Les divers registres de l’instrument se trouvent exploités dans toutes ses ressources sonores et expressives. Cette pièce fait alterner rêverie et enjouement avec une liberté et une poésie enchanteresse. De la Rhapsodie, Debussy disait: «Ce morceau est certainement un des plus aimables que j’aie jamais écrits.» Pierre Boulez s'étonne encore de trouver dans un morceau de concours tant de grâce et de poésie. Mais il ne faut pas s’y tromper, elle réclame au-delà d’une apparente simplicité technique une parfaite maîtrise de l’instrument. Du répertoire français, c’est la plus belle oeuvre pour clarinette, véritable kaléidoscope aux mille facettes sonores. [...]

J’ai consulté les manuscrits de la Rhapsodie à la Bibliothèque Nationale. Il existe deux manuscrits: l’un pour clarinette et piano écrit de fin décembre 1909 à janvier 1910 (D et F 7636); l’autre pour clarinette et orchestre, écrit et orchestré après le concours de fin d’année, et édité en 1911 (D et F 8280). Visiblement les deux manuscrits sont très différents. Toutes les suppositions restent possibles: 1) concertation entre le professeur Prosper Mimart et le compositeur pour des problèmes de technique instrumentale; 2) changement voulu par le compositeur; 3) par contre, il y a à certains endroits des corrections difficilement explicables. La partition des éditions Durand (Rhapsodie - Musique: Claude Debussy, 1919 éd. Durand) est tout à fait conforme aux manuscrits. [...]"

Citations extraites de cette page, Debussy et la rhapsodie pour clarinette, une présentation et analyse de Guy Dangain.

Un extrait de cette analyse est reproduit au bas de cette page.

Une partition de l'oeuvre peut être téléchargée sur cette page de l'IMSLP.


Dans l'interprétation que je vous en propose le soliste est Jos D'HONDT, superbe clarinettiste néerlandais, accompagné par l'Orchestre Philharmonique Néerlandais (*) placé sous la direction de Walter GOEHR.

(*) Il s'agit d'un orchestre formé pour l'occasion, apparaissant très souvent dans les enregistrements Concert Hall & Sociétés affiliées, et non d'un précurseur de l'orchestre portant actuellement ce nom (Nederlands Philharmonisch Orkest), fondé bien plus tard, en 1985.
D'après cette page de Wikipedia c'est l'Orchestre Symphonique d'Utrecht (dont le chef à cette époque était Paul Hupperts) qui formait l'essentiel du «Netherlands Philharmonic Orchestra».

L'enregistrement paraît sur la première face du disque MMS 81 (avec la Fantaisie pour piano et orchestre de Claude Debussy, L 73, Frank PELLEG en soliste, mêmes orchestre et chef). L'exemplaire du MMS-81 utilisé pour cette restauration provient de la collection de Stefan KRAMER, que je remercie chaleureusement pour sa générosité!

Voici donc...

Claude Debussy, Première rhapsodie pour clarinette et orchestre, L 116, Jos D'Hondt, Netherlands Philharmonic Orchestra, Walter Goehr, MMS-81 (Rêveusement lent - Modérément animé (Scherzando) 08:00)
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre, depuis mon site

Musical Masterpiece Society MMS-81 -> WAV -> léger à moyen DeClick avec ClickRepair (l'excellent logiciel de Brian Davies), des réparations manuelles  -> FLAC

1 fichier FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP

(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.



Analyse et interprétation de l’oeuvre

Extrait de cette page, Debussy et la rhapsodie pour clarinette, une présentation et analyse de Guy Dangain.

"[...] L’introduction est de huit mesures. Celle-ci est suspendue dans l’espace et le temps, dans une nuance diaphane. Debussy indique «Rêveusement lent...» On pourrait très bien dire: “Dans une brume doucement sonore”, “De l’aube à midi sur la mer”... D’ailleurs, je trouve que cette Rhapsodie a quelque ressemblance avec le triptyque symphonique La Mer (1905). En parlant de cette introduction, Vladimir Jankelevitch nous dit: «Parfois des préliminaires retardent l’installation d’un développement qui serait sur le point de démarrer, mais qui est étrangement lent à se décider, à hésiter, à tâtonner.» Les triples croches de ce début seront jouées dans une nuance douce, sans heurt ni nervosité, comme une improvisation (cf. Prélude à l’Après-midi d’un Faune, Jeux).

Le tempo de la noire est 50. Debussy a indiqué dans bon nombre de ses oeuvres des mouvements métronomiques, afin que l’on observât le tempo qu’il souhaitait, et pourtant n’avait-il pas dit que le mouvement métronomique durait l’espace d’une mesure comme les “roses l’espace d’un matin”. Arrivent alors les deux mesures en triolets avec le chiffre 1. C’est le mouvement de l’eau. Un léger balancement et la phrase s’installe, douce et pénétrante. C’est l’aube. Tout est calme, presque silencieux, dans la brume matinale (1er thème). Un temps avant 2, le Si revêt une signification particulière. Le premier rayon de soleil vient de poindre, le mouvement s’anime, tout s’éveille. Une douce luminosité apparaît (2e thème). Sur la 6e et 8e mesure de 2, les arpèges en mouvement ascendant illustrent le scintillement de la lumière sur l’eau; le discours musical se fait plus pressant, comme une guirlande lumineuse, courant furtivement sur les vagues. Cette soudaine cadence est une véritable fuite en avant que l’on trouve très souvent dans la musique de Debussy. Beaucoup d’articulations, de petites notes, des trilles. Tout cela avec finesse et élégance. Le tempo est «le double plus vite» par rapport au poco mosso qui se joue à 72 à la noire environ.

Les quatre mesures avant 3 nous permettront de revenir sur cette sereine et magnifique phrase, mais à l’octave supérieure (1er thème), avec 4 trilles assez marqués accompagnés d’accords parallèles (cloches de la Cathédrale engloutie). La montée en triples croches se fera dans un style harpistique, comme le doigt d’une fée glissant sur les cordes. Il n’y aura aucune préparation ni terminaison, la Do blanche du chiffre 3 étant l’aboutissement. Cette phrase (1er thème) sera ornée de magnifiques arabesques, symboles sonores de la ligne courbe. Nous voilà maintenant sur “le double plus vite”, c’est-à-dire le double du “rêveusement lent” (100 à la noire). L’ambiance devient menaçante - tout est mouvance et agitation. Je parlais plus haut de “kaléidoscope sonore”. Debussy expose ces thèmes l’espace d’un instant - ici 13 mesures - les quatre dernières nous ramenant déjà dans un climat plus apaisant, plus flexible (3e thème). Les articulations auront une grande importance. Il faut respecter avec rigueur les nuances, les points, les accents, les tirets, les trilles. Ce “modérément animé” s’interprète mesure par mesure. On retrouve là l’antiwagnérisme de Debussy. Ici tout est distinct, court, délicat, précieux. Après une série de trilles ascendants, il réexpose le deuxième thème.

La deuxième partie de cette Rhapsodie commence au chiffre 6: réexposition du 3e thème sans fioriture, mais avec vigueur et assurance. Sur la 3e et 4e mesure de 6, Debussy en profite pour annoncer le 4e thème scherzando. C’est un dialogue entre la clarinette et le piano. Le 3e tempo de ces mesures étant un tempo faible, il se fera sans attaque, comme un relais; sur la 7e mesure de 6, en l’espace de 2 mesures, il place un 5e thème, que nous retrouvons à l’extrême fin (chiffre 12).

Le scherzando (“badin et léger”), si l’on respecte la pensée du compositeur, doit rester dans le même tempo, c’est-à-dire “modérément animé” (72 à la noire). Cette indication métronomique me semble un peu lente, mais je crois par contre qu’actuellement il y a une tendance à le jouer trop rapidement. 104 à la noire serait raisonnable et très musical, car ce thème doit être hésitant, craintif. D’ailleurs la seconde majeure du piano qui accompagne cet endroit est menaçante, je dirais même grinçante. Ce thème s’affirme peu à peu pour être repris à l’octave supé- rieure. Pensant certainement au morceau de concours qu’il écrivait, Debussy nous glisse par deux fois un trait de quarte “assez vicieux”. Puis, pour se faire pardonner, il nous fait grâce d’une mélodie pleine de charme et de tendresse (rappel du 2e thème), laquelle délicatement nous amène vers le “doux et pénétrant” du début (1er thème) avec un éclairage différent: d’abord sombre, puis s’ouvrant en éventail avec les sextolets du piano. Tout s’illumine par les appels de trilles dans un tempo animé au chiffre 10. Les arabesques enfièvrent et emballent le tempo. Celles-ci créent un climat de fuite panique. Pour Jankelevitch: «C’est le vent de la panique qui souffle, l’ouragan emporte tout, tempo et tonalité dans sa tornade. Le thème du scherzo cédant à l’énervement d’un accelerando vertigineux et précipite furieusement son rythme de galopade. La tonalité ellemême tombe dans le chromatisme. La mélodieuse Rhapsodie dissonne, haletante, se met à grincer et finit en déroute.» [...]"
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